Des agriculteurs se promènent dans la pépinière pour ramasser des plants de Moringa. Le projet Fuel Wood Balance mis en œuvre par Oxfam et ses partenaires dans l'État de Katsina, au Nigéria, vise à lutter contre la désertification et encourage l'adoption et la promotion de modèles agroforestiers avec plus de 5,5 millions d'arbres supplémentaires pour aider à atténuer les effets du changement climatique tout en réduisant la demande de bois de combustible. Crédit : Benedicte Kurzen/NOOR
Covid-19 : vers des sociétés et des économies solidaires et écologiques
La crise mondiale actuelle offre des opportunités sans précédents pour bâtir des sociétés davantage solidaires, écologiques et tournées vers l’avenir
Dans une note informative du 9 avril 2020 intitulée Le Prix de la Dignité, Oxfam déclarait : « Les plans de relance annoncés en réponse à la pandémie ne doivent pas reproduire les mêmes erreurs. (…) Les gouvernements ont le pouvoir et la responsabilité d’agir maintenant et d’initier de profonds changements pour rendre notre économie plus humaine et mieux armée pour faire face à l’urgence climatique, en entretenant l’espoir de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. »
Il existe des preuves scientifiques solides démontrant le lien entre le changement climatique et les extrêmes météorologiques et leurs effets néfastes sur la santé publique résultant d’épidémies. La destruction des habitats naturels par l’homme accentue les risques d’émergence des maladies et de propagation d’agents pathogènes. D’ailleurs, des études montrent que le virus Ebola est apparu plus fréquemment dans les zones d’Afrique de l’Ouest et Centrale qui avaient récemment subi des déforestations. La COVID-19, comme Ebola, constitue également une crise environnementale ayant débouché sur une crise sanitaire sans précédent.
Combattre les inégalités face aux risques
Cette crise ne sera certainement pas la dernière malheureusement, et l’Afrique de l’Ouest est doublement menacée en raison de son extrême vulnérabilité face à l’aggravation des impacts et catastrophes climatiques. Assurer la santé et le bien-être de tous ne peut se réaliser si l’on ne réduit pas les facteurs de risques. La santé des écosystèmes et la protection de l’environnement offrent les meilleures chances pour réduire la menace existentielle de la prochaine grande pandémie et sont absolument nécessaires pour contribuer à un avenir meilleur et plus sain. Mais les efforts demeureront vains si rien n’est fait pour lutter contre les causes sous-jacentes de vulnérabilités. C’est un fait : l’impact des crises pèse de façon très inégalitaire sur les personnes les plus fragiles et les plus démunies, et les inégalités – de richesse et de pouvoir, liées au genre… – sont une composante indissociable des crises puisqu’elles rendent ces populations, inévitablement, plus vulnérables. Tout cela doit donc pousser les gouvernements à prendre toutes les mesures de prévention que nous imposent les crises mondiales actuelles telles que l’épidémie de la COVID-19 et le changement climatique afin de réduire notre vulnérabilité globale et collective, par-delà les frontières.
La crise de la COVID-19 est une sonnette d’alarme, un appel à nous réveiller et à bâtir des sociétés et des économies plus inclusives et plus durables, en adéquation avec les limites planétaires, où chacun et chacune voit ses droits fondamentaux garantis et ne subit pas injustement les risques que crée le système actuel. Pour cela, les Etats doivent prendre des mesures pour lutter contre l’injustice de la pauvreté et des privilèges, et protéger les plus vulnérables face aux inégalités structurelles et aux risques croissants. Déjà dans un document d’information de 2013 intitulé Pas de hasard : Résilience et inégalités face au risque Oxfam affirmait : « Il ne faut pas se contenter d'aider les personnes à survivre à un choc après l'autre, mais bien chercher à les aider à prospérer malgré les chocs, les pressions et les incertitudes. » Cela est d’autant plus vrai et plus pressant aujourd’hui.
Répondre à la COVID-19 de manière responsable
Nous ne devons pas laisser la crise de la COVID-19 mettre en péril la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable et de l’Accord de Paris. Au contraire, l’ensemble des mesures prises pour lutter contre cette pandémie et relancer l’économie mondiale doivent prendre en considération les défis que pose la crise climatique globale et dresser une trajectoire de développement et de croissance verte et avant tout humaine. Les plans de sauvetage et de relance économique ne doivent pas se contenter de renflouer les pertes subies par les entreprises mais conditionner les soutiens financiers à des mesures concrètes en faveur de modèles économiques plus équitables et plus durables. S’agissant par exemple de l’industrie agroalimentaire, les Etats devraient encourager des stratégies centrées sur la préservation des ressources naturelles et la régénération des écosystèmes qui forment un rempart efficace aux menaces sanitaires, notamment au travers de systèmes agricoles et alimentaires respectueux de l’environnement et intelligents face au climat.
Face à l’ampleur des besoins, les pays doivent impérativement catalyser d’autres types d’investissements, notamment privés, pour aider à réaliser leurs engagements climatiques tout en soutenant la mobilisation des ressources publiques vers les secteurs prioritaires comme celui de la santé et de la protection sociale. Les Etats ne doivent pas non plus relâcher leurs efforts pour parvenir à la neutralité carbone mondiale d’ici 2050, sinon les sociétés du monde entier devront combattre des menaces bien plus graves que ce coronavirus. En ce sens, la communauté internationale doit continuer à soutenir et promouvoir les stratégies d’adaptation, d’atténuation et de construction de la résilience face aux effets du changement climatique : nous ne pourrons qu’en être plus forts et mieux préparés globalement lorsqu’il s’agira de faire face à la prochaine grosse crise.
Le relèvement de la crise de la COVID-19 est véritablement notre meilleur allié pour opérer un changement de paradigme, repenser nos modèles de développement, et mettre en œuvre des stratégies et des technologies respectueuses du climat, de la nature et au service de l’humanité tout entière.