2021 : Une année de lutte contre les inégalités en Afrique de l’Ouest
L’année 2021 s’achève avec son lot de défis pour les populations ouest-africaines. Mais l’espoir reste permis, grâce à une jeunesse qui se mobilise et lutte pour une société plus juste et égalitaire.
L’année 2021 s’achève avec son lot de défis pour les populations ouest-africaines. Insécurité, changements climatiques, crise alimentaire, impacts de la pandémie de COVID-19 et manque d’engagement des gouvernements à réduire les inégalités, le fossé entre les plus riches et le reste de la population est de plus en plus grand.
Mais l’espoir est permis, grâce à une jeunesse qui se mobilise et lutte pour une société plus juste et égalitaire. Les jeunes et les femmes ont une nouvelle vision de leur société ; une région dans laquelle les droits des uns et des autres doivent être respectés. Cette année, Oxfam en Afrique de l’Ouest a travaillé avec plus de 3,2 millions de personnes et en synergie avec près de 500 partenaires dans la marche vers un avenir plus radieux. Voici quelques moments forts qui retiennent notre attention.
La jeunesse mobilisée face à la pandémie du Covid-19
Les Africtivistes ont cartographié les initiatives de plus d’une centaine de jeunes en Afrique de l’Ouest qui ont rivalisé d’ingéniosité afin d’apporter des réponses contre la progression de la maladie, que ce soit en sensibilisation et lutte contre la désinformation liée au coronavirus ; l’installation de dispositifs sanitaires ou autres innovations pour freiner la propagation du virus, assister les personnes infectées. La jeunesse montre qu’elle veut faire partie de la solution.
Et sachant que 64 % de la population ouest-africaine a moins de 24 ans, la question a été lancée avec notre partenaire des Africtivistes : qu’attendons-nous pour faire confiance aux jeunes ?
Travailler ensemble pour un Sahel plus égalitaire
Oxfam a toujours fait du combat contre les inégalités dans le monde son cheval de bataille. Et pour mener à bien la mission d’assurer la justice et l’égalité pour tous, Oxfam en Afrique de l’Ouest a décidé d’agrandir la famille des Justiciers du Sahel. En 2019, nous étions allés à la rencontre de 9 de ces jeunes au Niger, au Tchad et au Mali. Ils ont mis leur talents, expertises et temps au profit des personnes les plus marginalisées, pour informer les citoyens sur leurs droits et pour mettre les inégalités au cœur des discussions électorales. Cette année, nous avons voulu souligner le travail de 3 activistes au Burkina Faso : Malika La Slamazone, d’Issaka et de Cynthia, de jeunes Burkinabés engagés à lutter pour un Sahel plus égalitaire.
Il urge également de réagir face au grand retour de l’austérité qui pourrait déclencher la pire crise des inégalités depuis des décennies. Nous avons publié, au mois d’octobre, l’indice de l’engagement à réduire les inégalité (ERI) en Afrique de l’Ouest 2021 qui met en garde contre les coupures budgétaires prévues de 26,8 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années dans une région qui est en plus la moins engagée à réduire les inégalités en Afrique.
En matière d’inégalités, le secteur extractif n’est pas en rade, en Afrique de l’Ouest. Les femmes et les jeunes filles ont moins accès aux retombées positives des projets d’extraction minière ; ce qui met en péril leurs moyens de subsistance, leur santé, leur sécurité et détériorent leur statut au sein des ménages et des communautés. Mais depuis Avril 2021, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a adopté une charte sur l’intégration du genre dans le secteur extractif. Ce qui représente une grande avancée pour mettre fin au déséquilibre sur la balance des droits dans ce domaine dans chaque pays d’Afrique de l’Ouest.
Lutter pour plus de justice climatique
Comparée aux autres régions du monde, l’Afrique de l’Ouest est exceptionnellement vulnérable au changement climatique. Les conflits et les changements climatiques ont aussi fait émerger un défi lié à l’approvisionnement en eau. Les pluies irrégulières, les périodes de sécheresse, les fortes inondations font augmenter les besoins en eau potable pour les populations et le bétail. Au Burkina Faso la situation sécuritaire dans le nord, a engendré un exode vers les centres urbains et accentue ainsi le problème d’approvisionnement en eau potable déjà présent à cause du changement climatique. Nous y avons envoyé les photojournalistes Samuel Turpin et Eric Oueadraogo qui ont réalisé l’excellent reportage audio « Burkina Faso : quand l’eau vient à manquer ».
Ajoutons à ce cocktail climatique et sécuritaire les impacts économiques de la pandémie (hausse des prix, fermeture des marchés et frontières) et nous avons au Sahel l’une des crises alimentaires qui s’intensifie le plus rapidement au monde avec une stupéfiante augmentation de 67 % de l’insécurité alimentaire. Pour mettre un visage à cette situation alarmante, nous sommes allés à la rencontre de 5 mères de famille qui luttent au quotidien contre le virus de la faim dont Achta au Tchad:
Nous avons également alerté la communauté internationale en juillet dernier avec la publication du rapport « Le virus de la faim se propage. »
Pour faire face aux problèmes de la faim et du manque d’eau, Oxfam et ses partenaires ont notamment distribué des vivres, et ont facilité l’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires. C’est le cas en République Centrafricaine où un système gravitationnel d’approvisionnement en eau potable a été mis en place dans la localité de Batangafo, transformant la vie des personnes qui peuvent désormais obtenir 15 à 19 litres d'eau par jour contre 7 litres précédemment.
Notre lutte pour la justice climatique a culminé vers un moment fort en émotions, la #MarcheMondialeClimat qui a mobilisé des centaines de jeunes dans 10 pays de la région pour dire haut et fort aux décideurs réunis à la 26ième Conférence des Parties (COP 26) à Glascow, que le temps des promesses est révolu et qu’ils doivent poser des actes forts pour protéger la planète et ses habitants.
C’est ainsi que nous clôturons une année pleine de défis mais aussi pleine d’espoir. La marche vers la justice sociale en Afrique de l’Ouest est possible avec l’implication de tous. Le chemin est long mais ensemble, nous pouvons y arriver.