Le calvaire d’Hanahory Diallo

Hanahory est une personne déplacée affectée par le conflit au Mali.

Notre chargée de communication d'Oxfam au Mali, Dansira Dembele, écoute l'histoire touchante d'Hanahory Diallo

"Il ne me reste plus que mes enfants, j’ai tout perdu".

Ainsi commence l’histoire poignante de Hanahory Diallo, déplacée du village de Sanankoro à Macina, vivant à présent dans la commune de Pelegana dans la région de Ségou au Mali.

Hanahory, 50 ans vit avec ses cinq enfants dans une maison inachevée dont elle paie la mensualité difficilement. Elle doit pourvoir aux besoins des enfants seule car son mari, craignant les groupes armés s’est abrité seul dans la brousse.

Elle se remémore sa fuite, en compagnie de ses enfants, intervenue l’année dernière : « Un jour, un groupe d’hommes armés a fait irruption dans le village, semant la terreur et la désolation. Ils ont emporté le cheptel de notre famille, constitué de plus de 200 têtes de bovins, d’ovins et de caprins. Ce cheptel représentait tout ce que nous possédions. Pire, ces hommes ont tué de nombreuses personnes, parmi lesquels des membres de ma famille. Pour me préserver et préserver mes enfants, j’ai décidé de quitter Sanankoro pour me réfugier ici à Pelengana à Ségou ».

Le périple d’Hanahory a duré six longs jours. Pourtant, la distance de son village à son site de destination ne fait pas plus de 100 kilomètres.

Le cheptel qu’on lui a volé permettait à la famille de Hanahory de vivre. Le lait était consommé par les enfants et vendu. Il permettait à Hanahory d’assurer une source de revenus. Aussi, pour pourvoir à des besoins urgents et essentiels, la famille n’hésitait pas à vendre de temps à autre une ou deux bêtes. Mais voilà qu’Hanahory a tout perdu, y compris sa maison et ses effets personnels, partis en fumée.

« Je n’avais pas un franc pour assurer mon transport et il m’était impossible de fournir de la nourriture à mes enfants. Il m’a fallu observer des arrêts dans des villages pour quémander des sous. C’est avec la somme des sous collectés difficilement que j’ai réussi à rallier Ségou ».

Du cash pour alléger les souffrances

Ces circonstances douloureuses ont fait d’Hanahory l’unique cheffe de sa famille et responsable de ses enfants.

«J’ai ouïe dire que tout le monde a déserté notre village, de peur de se faire tuer. Aux dernières nouvelles, mon mari était parti s’installer dans un autre village et il s’occupait des bêtes d’autrui. ».

Le besoin le plus urgent d’Hanahory, de ses enfants et de nombreuses autres personnes déplacées de Ségou est la nourriture. Puis vient ensuite l'éducation des enfants dont l’avenir est incertain.

Après son arrivée dans la ville de Ségou, Hanahory a reçu de l'aide des membres de la communauté d'accueil et de celle d’Oxfam, en partenariat avec la structure nationale du développement social. Cette aide a pris la forme d'argent liquide remis de façon inconditionnelle. 40 000 francs CFA constituant une source de bonheur immense pour la survivante Hanahory qui peut acheter des vivres pour ses enfants en plus de payer son loyer mensuel.

Cette somme remise sans conditions permet plus de flexibilité et de liberté de choix lors de l’achat des vivres. Par exemple, un ménage peut opter pour du riz au lieu du mil pour un autre ménage. Il peut également décider d’acheter des victuailles au détail et quotidiennement au lieu d’acheter en gros. Ce mécanisme permet également de maintenir le système économique en place dans les localités, afin d’assurer un avenir où les communautés peuvent s'épanouir et pas seulement survivre.