Grâce Ngbaleo, défenseure des droits humains et militante des droits des femmes en République centrafricaine. Crédit: Monges Samba/ Oxfam

Grâce Ngbaleo, défenseure des droits humains et militante des droits des femmes en République centrafricaine.

Parole aux partenaires : le parcours d’une activiste engagée

Article rédigé par Grâce Ngbaleo, défenseure des droits humains et militante des droits des femmes qui se bat pour placer les droits humains et la justice au centre des agendas politiques en République centrafricaine et en Afrique de l'Ouest. 

Soucieuse du bien-être de la femme centrafricaine et de son rôle et implication dans le processus de paix, je me suis engagée aux cotés de mes paires à lutter pour cette cause. Victime des conflits, la femme centrafricaine selon le constat est souvent écartée des foras de discussions pour la paix. Rédactrice en cheffe à Radio Notre Dame en 2018, j’ai fait de la justice à l’égard des femmes mon cheval de bataille, en offrant aux femmes un espace d’expression pour parler de leur vie au quotidien. La prise de parole est encore considérée comme une fonction masculine. C’est une manière pour ces femmes d’affirmer leur existence et de faire entendre leur voix dans un cadre qui permet de témoigner, partager les expériences et compétences des unes et autres, afin d’impacter la génération future en devenant de véritables forces de proposition et de construction du pays.

Je suis également membre active et fondatrice de la plateforme I Londo Awé!  (Nous sommes debout), un réseau de talents pour développer le leadership féminin et faire émerger une société civile active et capable de proposer des solutions aux causes profondes de la crise en République centrafricaine. Après une formation sur le plaidoyer organisé par Oxfam, nous avons lancé la campagne de plaidoyer « CVJRR Paritaire », dans le but d'influencer une représentation paritaire des genres au sein de la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation (CVJRR). Grâce aux rencontres bilatérales, j’ai eu à côtoyer des personnalités, enrichir mon carnet d’adresse, mener un bon plaidoyer et développer mon sens de leadership.

« Je me voyais jouer véritablement mon rôle de défenseur des droits humains »

Un an plus tard, cette campagne a donné un grand succès : cinq femmes sont désignées commissaires sur onze membres !

Je crois fermement qu'il faut unir des voix différentes, dans une optique de représentativité, de cohésion sociale – une preuve de vivre ensemble – pour favoriser le changement. C’est pourquoi, je partage les défis et les réalisations des femmes centrafricaines dans les fora internationaux, formant des alliances avec d'autres femmes défenseures des droits humains tout en réclamant le respect des droits des femmes dans tout le continent. En septembre 2021, j’ai représenté I Londo Awe ! au Forum International des Femmes Africaines (FIFAF) à Kinshasa, où avec des femmes du Rwanda, de la RDC, du Mali, du Togo et de la diaspora, nous avons discuté des progrès réalisés dans la participation de la femme africaine aux postes de prise de décisions et de la stratégie à suivre pour avancer encore plus d’ici 2030. A cette occasion, un diplôme de mérite et un trophée m’ont été décernés. Dénommé « Femmes qui bâtissent l’Afrique » c’est un symbole de reconnaissance et d’encouragement pour l’engagement de I Londo Awe !, son dynamisme et professionnalisme. Pour moi, c’est le résultat d’un travail d’équipe bien fait.

Je suis fière de faire partie d'un réseau aussi actif des femmes défenseures des droits humains et heureuse de voir que mes efforts sont reconnus. Cela m'encourage à redoubler d’efforts pour contribuer à l'avènement d'une société qui reconnaît la valeur des femmes en tant que leaders, actrices du changement, promotrices de la paix et activistes de la société civile. 

Nous, les femmes africaines, avons accompli beaucoup ces dernières années, en luttant courageusement pour nos droits, pour l'égalité et pour la solidarité. Cependant, le chemin vers une véritable égalité et une justice de genre est encore long. Malgré l’existence des textes juridiques et des instruments de sanction pour la répression, les violences basées sur le genre, notamment faites aux femmes et jeunes filles, ne cessent de s’accroître en RCA. Le nombre de femmes est encore sous-représenté dans les postes électifs ou nominatifs, par exemple à l’Assemblée Nationale et dans le Gouvernement. Mais cela ne me décourage pas. Je continuerai à amplifier la voix des femmes africaines, à lutter pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes et à promouvoir le leadership et la participation des femmes dans toutes les couches de la société.

Je veux que les femmes centrafricaines s’accrochent à ce qu’elles font pour devenir de véritables actrices du changement, promotrices de la paix et du développement.

Je veux que les organisations s’engagent véritablement pour conscientiser sur la présence effective des femmes dans les sphères de prise de décision.

Que l’Etat respecte ses engagements sur la question de la promotion du genre.

Que la justice soit sensible aux dossiers liés à la violence à l’égard des femmes. Je veux une Centrafrique de paix, prospère qui promeut et protège les droits de la femme.

Article rédigé par Grâce Ngbaleo.