16 jours d'activisme: 30 ans de mobilisation contre les violences basées sur le genre

Alors que la campagne des 16 jours d'activisme commémore cette année son 30e anniversaire, il reste important de continuer à faire campagne pour sensibiliser au sujet des violences basées sur le genre.

16 jours d'activisme: 30 ans de mobilisation contre les violences basées sur le genre

Alors que la campagne des 16 jours d'activisme commémore cette année son 30e anniversaire, il reste important de continuer à faire campagne pour sensibiliser au sujet des violences basées sur le genre (VBG), de remettre en question les comportements discriminatoires et d'appeler à un renforcement des lois et des services afin de mettre définitivement fin aux violences faites aux femmes. C'est aussi le temps de réfléchir aux immenses progrès que nous avons réalisés - en Afrique de l'Ouest et ailleurs. Et c'est, surtout, le moment de renouveler notre engagement à mettre fin à la violence basée sur le genre (VBG).

À Oxfam, nous avons lancé des initiatives visant à donner aux femmes et aux jeunes filles les outils nécessaires pour revendiquer leurs droits à une vie exempte de peur et de violence, et à contester les normes et pratiques sociales négatives qui sont les causes mêmes du problème. Nous nous sommes engagés dans l'autonomisation des femmes, en encourageant la poursuite de la scolarité des adolescentes de l'école primaire à l'école secondaire, ainsi que l'égalité des genres au sein de la communauté et dans les programmes de protection. Dans certaines communautés, nous avons réussi à briser ce qui est considéré comme "une culture du silence sur la dénonciation de la violence basée sur le genre".

Cependant, ces initiatives méritent d'être soutenues et multipliées. 30 ans après, la violence basée sur le genre reste un problème majeur en Afrique de l'Ouest.  La pandémie de Covid-19, l’épidémie d’ébola et les conflits armés ont entraîné une augmentation des cas de VBG qui se sont traduits par des pertes de vies humaines, des traumatismes, de l'anxiété, des troubles émotionnels, etc. En temps de paix comme en temps de guerre, les femmes et les filles sont violées par leurs partenaires, les membres de leur famille et les soldats qui sont censés les protéger. L'accès des femmes aux biens tels que la terre et la gestion de l'héritage restent un problème. On constate une augmentation des féminicides, des mariages forcés, des mariages d'enfants ou précoces, des mutilations génitales féminines (MGF), des violences domestiques et des discriminations à l'encontre des filles dans le domaine de l'éducation. Nous sommes emprisonnées dans ces relations abusives à cause des normes sociales (stigmatisation sociale). L'absence de protection adéquate de la part du système judiciaire dissuade les survivantes de s'exprimer. Le manque de données fiables, détaillées en fonction du sexe, de la race, de l'âge et d'autres facteurs pertinents, a entravé les efforts déployés pour répondre aux besoins des personnes les plus durement touchées par les différentes crises.

UN MONDE SANS VIOLENCES EST POSSIBLE !

Imaginons les 30 prochaines années sans aucune violence... Imaginons que le temps, l'énergie et les ressources que nous investissons dans la lutte contre la violence basée sur le genre puissent être réorientés vers le développement de nos foyers, de nos communautés, de nos pays et de la planète. Ce monde serait meilleur !


Les gouvernements d'Afrique de l'Ouest, les bailleurs de fonds et la société civile doivent placer les organisations, les mouvements et les leaders engagés dans la défense des droits des femmes au cœur de leur lutte contre les VBG : nous devons combler les lacunes en matière de financement. Les gouvernements doivent légiférer sur l'âge du mariage en accord avec la Convention relative aux droits de l'enfant (CDE) et adopter des lois qui criminalisent les mariages précoces et forces, pénalisent la violence domestique et le viol conjugal. Nous devons remettre en question les normes sociales, briser le silence qui entoure la violence sexuelle et encourager les gens à dénoncer les cas de violence sexuelle.

Le tabou qui entoure la violence basée sur le genre conforte l'impunité de ses auteurs. Les gouvernements doivent renforcer et étendre les services immédiats aux victimes de VBG (services médicaux et judiciaires appropriés, de qualité et gratuits pour les survivants, ainsi qu'un soutien psychologique et économique), et mettre en place un réseau de prise en charge immédiate des victimes dans toute l'Afrique de l'Ouest.

Le système judiciaire et les services de police doivent être restructurés, avec des femmes policières formées et qui dirigent des unites de police.  Des données sur les VBG doivent être produites et faire l'objet de mises à jour régulières. Un système de “mapping” des structures et services disponibles doit être mis à la disposition de tous les citoyens dans les différents pays de la région. Les États doivent intégrer la VBG dans les programmes de réponse Covid-19 et développer des systèmes de protection sociale efficaces qui agiront comme des filets de sécurite pour les personnes confrontées aux violences basées sur le genre. Ces mesures de protection doivent également être mises à la disposition des travailleuses informelles et personnes non rémunérés ou faiblement rémunérés afin de garantir des revenus décents même aux femmes les plus pauvres.

Un monde sans violences est possible mais pour cela, il faut faire preuve de courage et agir ensemble pour faire de cette vision une réalité. Nous pouvons reconstruire une Afrique de l'Ouest post-pandémie et nous assurer que nos efforts de relance profiteront à tous et contribueront à construire des sociétés plus justes pour les femmes et les filles. Mettre fin à la violence basée sur le genre commence avec moi, vous, nous et c'est de notre responsabilité à tous...STOP à la VBG. #Çacommencepar...

 

Juliette-Ayuknow Egbe, conseillère genre pour Oxfam en Afrique de l'Ouest.