RÉALITÉ N°3 – Les femmes et les filles face à l’augmentation de leur vulnérabilité et des violences basées sur le genre
Tiré de l'étude : Les femmes ouest-africaines face à la COVID
RÉALITÉ N°3 – Les femmes et les filles face à l’augmentation de leur vulnérabilité et des violences basées sur le genre
La promiscuité au sein des foyers, conséquences des mesures de couvre-feu et arrêts des activités économiques, ainsi que la baisse des revenus, a créé des tensions additionnelles au sein des ménages. S’il est difficile d’avoir un chiffre sur les cas de violences domestiques (qui sont souvent peu dénoncées à la police), plusieurs organisations font état d’une augmentation des cas. Ces violences, souvent physiques ou sexuels (abus sexuels, coups, viols conjugaux), peuvent aussi prendre la forme de violences verbales, contribuant ainsi à augmenter le niveau de stress des femmes en étant victimes. Les jeunes filles sont aussi plus exposées aux risques d’inceste et de violences sexuelles au sein du foyer.
Par ailleurs, car les femmes constituent une grande partie des agents de santé et des donneuses de soin au sein du foyer, elles sont plus exposées à la maladie, à l’image des travailleuses urbaines domestiques, qui lorsqu’elles n’ont pas été remerciées, étaient envoyées faire les courses afin d’éviter à leurs employeurs un risque de contamination.
Face à ces violences, les femmes sont souvent dépourvues de moyens. Avec la crise, certains centres d’écoute ont fermé (lorsqu’ils étaient fonctionnels) et les programmes de lutte contre les violences basées sur le genre ont été suspendus, laissant les victimes sans support. Une sensibilisation médiatique (à travers la diffusion de téléfilms, d’émissions de radios) et digitale a eu lieu dans certains pays de la région pour prévenir les violences conjugales et les violences basées sur le genre. Les moments de distribution de matériel de protection (masques, gels) et de dispositifs de lavage de main dans les marchés, aux groupements féminins et aux centres de formation pour les jeunes filles ont fourni l’occasion de donner une assistance aux femmes victimes de violence. Dans certains pays, des groupes de veille citoyenne ont été mis en place pour dénoncer les violences basées sur le genre au sein des communautés.
RECOMMANDATIONS
Ces efforts doivent être soutenus et amplifiés. Le tabou qui entoure encore les violences dont les femmes sont victimes garantit l’impunité des hommes. La sécurité des femmes doit être assurée grâce à la mise en place de numéros verts d’écoute et d’appui judiciaire et de centres d’accueils ou de refuges (pour éviter que la dépendance économique des femmes victimes à leurs époux ne constitue un obstacle à leur sécurité). Les centres d’écoute doivent être digitalisées et accessibles via les réseaux sociaux pour s’assurer de toucher un maximum de femmes. Un système d’information sur les services disponibles doit être accessible à toutes les citoyennes des différents pays. Dans le long terme, les textes et lois qui punissent les violences faites aux femmes doivent être vulgarisés et appliqués et les acteurs judiciaires, médicaux et élus locaux doivent être formés au respect de ces textes. L’accès à la justice des femmes victimes de violence doit être garanti à travers un accompagnement juridique. Enfin, les violences basées sur le genre résultent de normes sexistes qui doivent être déconstruites à travers des programmes d’information et de sensibilisation à destination des hommes et des femmes.
Avant la pandémie, les femmes et filles déplacées devaient parcourir de longues distances pour rejoindre un point d’eau pour ensuite attendre des heures afin d’avoir accès à une quantité d’eau suffisante pour couvrir leurs besoins, ce qui les exposait déjà au risque d’être victime de violences à cause de l’insécurité. Cette situation était génératrice de stress psychologique et de tensions entre les femmes, traditionnellement en charge de la collecte de l’eau, et les communautés hôtes. Avec l’arrivée du COVID-19, l’absence d’eau et l’incapacité de s’en procurer (à cause des restrictions de mouvement) font courir un risque sanitaire important aux femmes déplacées et les empêchent de se conformer aux recommandations sanitaires d’usage. La promiscuité dans les sites de déplacés, en plus de favoriser les violences basées sur le genre, constitue également un obstacle au respect des mesures de distanciation physique, exposant davantage les communautés déplacées au risque de contamination au virus.
Fifamè, une femme vendeuse dans le marché de Toffo au sud du Bénin se confie à la responsable du Centre de Promotion Sociale (CPS) de Toffo au Bénin :
« Avec la Covid-19, les écoles sont fermées. Tous mes enfants sont à la maison. Les enfants du frère de mon mari sont également à la maison avec nous. Mon mari ne va plus au boulot. Je dois prévoir le repas du midi pour toute la famille avant d’aller vendre au marché. Et je dois revenir le soir pour faire à manger à tout le monde. Mon mari crie sur moi lorsque je demande de l’aide aux enfants de son frère pour les tâches ménagères. L’argent de mon commerce est presque fini. Alors que c’est moi qui mets la nourriture sur la table pour toute la famille, mon mari est de plus en plus violent avec moi. Je me sens menacée et très fatiguée les soirs. Je vous demande de m’aider »
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Présentation du rapport Les femmes ouest-africaines face à la Covid