RÉALITÉ N°4 – Les femmes et les filles face à la crise alimentaire
Tiré de l'étude : Les femmes ouest-africaines face à la COVID
RÉALITÉ N°4 – Les femmes et les filles face à la crise alimentaire
Les femmes sont historiquement au premier rang dans la résolution des crises alimentaires en Afrique de l’Ouest. Non seulement elles sont en charge de l’alimentation des familles, mais elles constituent également une partie importante de la force de travail agricole. En temps de crise alimentaire, les femmes sont les premières à se sacrifier pour privilégier les enfants et les personnes âgées et elles souffrent les premières de la diminution des rations. Les filles sont souvent défavorisées au profit des garçons dans l’alimentation.
La crise du COVID-19 a créé un choc important pour les ménages déjà très appauvris des zones rurales des pays ouest-africains. Selon le Programme Alimentaire Mondial, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre pourrait presque doubler, pour atteindre 57,6 millions de personnes d’ici la fin de l’année, contre 36 millions avant le début de la pandémie. La malnutrition aiguë chez les enfants pourrait augmenter de 20% comparé aux estimations du début de l’année. Les fermetures des frontières et les restrictions de mouvement ont eu un effet désastreux sur l’approvisionnement du bétail. Beaucoup de foyers ont déclaré avoir dû recourir à leurs réserves de céréales, épuisant ainsi leur stock avant la période de soudure. L’augmentation du prix des aliments a poussé les femmes à s’approvisionner en aliments moins nutritifs, les empêchant de fait d’avoir une alimentation équilibrée. Les rations ont diminué à un repas par jour et de nombreux ménages se sont endettés auprès de leurs voisins, ont dû brader leurs animaux ou ont fait appel à la solidarité familiale pour faire face à la baisse de leurs revenus. Des solutions ingénieuses, comme remplacer le savon par les cendres pour faire la vaisselle, ont été adoptées afin de survivre. La fermeture des écoles et la suspension des repas scolaires gratuits, dont les données suggèrent qu’ils ont un fort impact sur la promotion de l’égalité entre les sexes, risquent d’avoir des répercussions négatives sur les jeunes filles.
«La Covid 19 nous cause beaucoup de tort. Donner à manger à mes enfants le matin est devenu difficile. Nous sommes totalement dépendants de la vente de lait, et avec la fermeture des marchés, nous ne pouvons plus vendre le lait. Si nous ne vendons pas de lait, nous ne mangeons pas. » - Kadidia Diallo, une productrice de lait au Burkina Faso
RECOMMANDATIONS
Les gouvernements de la région doivent s’organiser au plus vite pour faire face à la crise d’insécurité alimentaire qui menace l’Afrique de l’Ouest. Les distributions alimentaires doivent être mises en place pour soutenir les plus vulnérables et les produits de première nécessité doivent être subventionnés. Les gouvernements doivent aussi fournir de l’aliment-bétail aux femmes pasteurs, propriétaires de petits ruminants. Il est important de faire en sorte que les mesures mises en place par les gouvernements de la région s’adressent aussi bien aux populations rurales qu’aux populations urbaines et que toutes les populations soient informées sur les aides existantes. Dans le long terme, il est urgent de renforcer l’accès des femmes aux kits animaux et à la terre afin de garantir une sécurité alimentaire des populations dans la durée et d’appuyer l’agriculture familiale.