RÉALITÉ N°7 – Les femmes face au poids des normes sociales
Tiré de l'étude: Les femmes ouest-africaines face à la COVID
RÉALITÉ N°7 – Les femmes face au poids des normes sociales
Les normes sociales existantes, qui sont à l’origine de l’idée que les femmes et les filles sont responsables des charges domestiques et du soin aux membres de la famille, augmentent le risque de contamination auxquelles les femmes et les filles font face pendant la pandémie, en plus de réduire leur temps libre pour qu’elle puisse participer aux espaces de prise de décision. Par exemple, parce que les femmes occupent majoritairement des emplois précaires, où elles sont dépendantes de patrons, parce qu’elles ne possèdent pas la terre qu’elles cultivent (ces situations résultant encore de normes sociales), elles sont plus à risque de perdre leur travail et leurs revenus en cas de crise. Parce que les normes sociales sont basées sur des coutumes qui engendrent des inégalités (l’âge de mariage des filles est à 16 ans contre 18 ans pour les garçons par exemple) et parce qu’elles dictent aussi souvent que les femmes doivent passer après les hommes et les garçons dans l’accès aux soins, à l’éducation, à l’alimentation, elles rendent les femmes plus vulnérables face à la maladie. Les normes sociales contribuent donc à aggraver les inégalités entre les hommes et les femmes face à la pandémie.
Mais pour la première fois, les hommes se sont retrouvés assignés au foyer, dans un monde où celui-ci constitue souvent le domaine exclusif des femmes. Si leur présence forcée à la maison ne s’est pas toujours traduite par une plus grande implication dans les tâches domestiques, certaines femmes ont cependant observé que leurs époux avaient été plus impliqués dans l’éducation des enfants. Cette situation a également conduit, dans certains cas, à une prise de conscience et à une redistribution des responsabilités au sein du foyer ainsi qu’à une prise de décision conjointe entre époux sur la gestion des ressources. Cependant, les avancées sur ce domaine restent très difficilement mesurables et si certains témoignages constituent des sources d’espoir d’un changement de la situation, d’autres facteurs inquiétants (comme l’augmentation des violences conjugales) ne doivent pas être ignorés.
" Si vous n'avez pas de garçon, vous n'avez pas encore d'enfant. Donc les garçons qui ont été éduqués dans ça, se disent supérieurs aux femmes, parce que ce sont eux qui perpétuent la génération." Jordi Megnigbeto, jeune homme engagé dans la campagne « ça suffit » au Bénin
RECOMMANDATIONS
La déconstruction de normes sociales ancrées dans la société et souvent prises comme des acquis plutôt que comme des constructions sociales susceptibles d’évoluer, est un travail de longue haleine. La situation nouvelle que le confinement a engendré, à savoir une présence plus importante des hommes à la maison, qui a dans certains cas généré une meilleure compréhension des inégalités existantes et de la réalité des femmes, constitue une opportunité sur laquelle il faut capitaliser. Pour cela, il est important de sensibiliser les hommes et les femmes, à travers les programmes d’éducation, sur l’égalité entre les hommes et les femmes, sur les droits des femmes afin d’œuvrer à la déconstruction des normes sociales négatives au développement des femmes.