Marina Moulou-Gnatho est une journaliste et activiste pour la paix en RCA. Ci-dessus, elle réclame que les femmes soient au coeur du processus de paix en cours dans son pays, lors d'une session à l'Union africaine, le 3 février 2020.
Centrafrique: Pour lutter contre le coronavirus, nous avons besoin de paix
Depuis le 14 mars 2020 que le premier cas de Covid-19 est déclaré dans mon pays par le ministère de la Santé et de la population, la lutte contre cette pandémie est engagée par le gouvernement et ses partenaires. Mais en plus de lutter contre le Covid-19, le gouvernement fait face aux conflits entre les groupes armés. Qu’allons-nous faire ? Si les gens continuent de se battre, comment vont-ils pouvoir vaincre cette maladie qui attaque le monde entier ?
La population civile entre le marteau et l’enclume.
J’ai peur. En un mois et demi, nous sommes passé à 94 cas [au 7 mai 2020] avec des contaminations locales, et de l’autre côté nous constatons que les groupes armés continuent de se battre. Et c’est toujours la population civile qui paie un lourd tribut. Récemment à Ndélé [dans le nord du pays], la population innocente a été prise en étau en plein marché par les combats entre deux groupes armés rivaux. Conséquences selon le bilan de la Croix-Rouge centrafricaine : 53 morts, dont 25 civils y compris un nourrisson. Où allons-nous avec ça ? Comment cette population peut-elle lutter contre le coronavirus tout en sachant qu’elle n’est pas en paix ? Je suis vraiment triste pour mon pays.
Les groupes armés doivent déposer les armes.
Je m’aligne derrière l’appel de cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, le 23 mars. Mon pays est concerné par cet appel. C’est pourquoi j’interpelle les groupes armés à déposer leurs armes, pour qu’ensemble nous puissions lutter contre notre ennemi commun qui est le coronavirus.
Un confinement aurait un impact sur les femmes.
Actuellement, nous ne sommes pas arrivés au niveau du confinement total comme dans d’autres pays. Si cela devait arriver, un autre problème surgira dans les ménages, où les femmes qui ont des maris violents souffriront plus que d’ordinaire.
Restaurer la paix et inclure les femmes pour combattre le coronavirus.
Nos dirigeants doivent engager des discussions sérieuses avec les groupes armés pour un cessez-le-feu mondial. Je demande aux groupes armés de déposer les armes. Les groupes armés qui continuent de se battre sont tous signataires de l’accord de paix du 6 février 2019. Que chacun revienne sur cet accord pour la paix et la réconciliation en Centrafrique, afin de restaurer la paix sur toute l’étendue du territoire. Nos dirigeants doivent aussi inclure les femmes dans les efforts de consolidation de la paix. Il faut que les femmes fassent partie des espaces de prises de décision lors de la réponse à coronavirus. Si les armes continuent de parler, tous les efforts pour sensibiliser les autres et respecter les mesures barrières seront vains.
Nous voulons la paix, sauvez-nous du coronavirus !
Cet article blog est écrit par Marina Moulou-Gnatho, journaliste et point focal média de la plateforme I Londo Awè, appuyée par Oxfam, qui lutte pour que les femmes soient au cœur du processus de paix en RCA.