Journée de la femme africaine : les solutions de 7 organisations ouest-africaines face à 7 réalités que vivent les femmes en pleine crise de la Covid19
À l'occasion de la journée internationale de la femme africaine du 31 juillet, sept organisations ouest-africaines, WILDAF, ROPPA, RBM, WANEP, REPSFECO, APESS et ROALJEF- Mali, accompagnées par Oxfam et CARE, mettent en avant l’impact de la crise du COVID-19 sur les femmes en Afrique de l’Ouest et partagent leurs réalités, leurs réflexions et leurs solutions autour de 7 thématiques prioritaires identifiées, par et pour les femmes de la région.
« Dans cette crise qui affecte l’Afrique de l’Ouest, les femmes ouest-africaines sont en première ligne et plus fortement impactées que ce soit directement ou indirectement par la dure réalité de la pandémie et ses conséquences au quotidien » alertent les organisations. Mais loin de s’avouer vaincues, les femmes ouest-africaines s’adaptent, redoublent d’ingéniosité et mettent en place chaque jour des solutions pour la survie de leurs familles et communautés. Dans la mise en place de ces solutions avancées, le rôle des gouvernements est crucial et permettrait de changer le quotidien de millions de femmes de la région.
Parce qu’elles occupent les positions les plus vulnérables dans le secteur formel et constituent la majeure partie du secteur informel en Afrique de l’Ouest, notamment agricole, les femmes font face à l’arrêt des activités économiques. Au Niger par exemple, les femmes ont dû vendre les céréales stockés dans les banques céréalières avant la période de soudure afin de répondre aux besoins des communautés, perdant ainsi un bénéfice important et vidant les réserves pour la période de soudure. Dans le court terme, il est primordial de mettre en place des fonds d’urgence et de relance des activités pour les coopératives de femmes et les femmes travaillant dans le secteur informel.
Les femmes sont historiquement au premier rang dans la résolution des crises alimentaires en Afrique de l’Ouest. Non seulement elles sont en charge de l’alimentation des familles, mais elles constituent également une partie importante de la force de travail agricole. En temps de crise alimentaire,
les femmes sont les premières à se sacrifier pour privilégier les enfants et les personnes âgées et elles souffrent les premières de la diminution des rations. Les filles sont souvent défavorisées au profit des garçons dans l’alimentation. Face à la crise d’insécurité alimentaire qui menace l’Afrique de l’Ouest, les gouvernements de la région doivent s’organiser au plus vite pour faire face. Les distributions alimentaires doivent être mises en place pour soutenir les plus vulnérables et les produits de première nécessité doivent être subventionnées.
Les consultations menées par les organisations auprès des femmes impactées montrent également que dans cette crise, les femmes et les jeunes filles font face aux difficultés d’accès aux services sociaux. Plusieurs recommandations sont proposées face à ce constat, tel que mettre en place des campagnes de sensibilisation et d’information pour communiquer sur l’accessibilité des centres de santé et sur les droits en matière de santé, ou encore recruter davantage de personnel de santé féminin.
Les femmes et les filles font aussi face au manque d’information, en ce sens, organiser des sessions de sensibilisation avec des agents sanitaires à destination des femmes afin qu’elles puissent accéder à une information de qualité, claire et fiable sur la maladie et comment la traiter est une des solutions avancées.
L’augmentation de la vulnérabilité et des violences basées sur le genre est également un constat unanime, plus que jamais les efforts doivent être soutenus et amplifiés pour que les femmes soient en sécurité, pour qu’elles soient informées, pour qu’elles aient accès à la justice. La crise illustre aussi le poids des normes sociales dans les inégalités entre les hommes et les femmes mais constitue également une opportunité de les changer. Pour la première fois, la situation nouvelle que le confinement a engendrée, à savoir une présence plus importante des hommes à la maison, qui a dans certains cas généré une meilleure compréhension des inégalités existantes et de la réalité des femmes, constitue une opportunité sur laquelle il faut capitaliser. Il est important de sensibiliser les hommes et les femmes, à travers les programmes d’éducation, sur l’égalité entre les hommes et les femmes, sur les droits des femmes et des filles afin d’œuvrer à la déconstruction des normes sociales renforçant les inégalités de genre.
Que ce soit au niveau communautaire ou au niveau national, les femmes ne sont pas suffisamment intégrées aux espaces de prise de décision sur la gestion de la crise, alors qu’elles sont en première ligne dans la gestion opérationnelle de celle-ci, en tant qu’agents de santé, mère ou cheffe de famille. Les Gouvernements doivent prendre des mesures pour s’assurer que les femmes puissent être représentées et participer efficacement aux espaces de prise de décision sur la gestion de la crise comme par exemple l’instauration de quota de femmes dans la sélection des membres composant les instances décisionnelles.
Au-delà de l’engagement des gouvernements de la région, le soutien de la communauté internationale est également capital, car la pandémie intervient également dans un contexte de crises humanitaires pour de nombreux États de la région, dont les populations déplacées, majoritairement constituées de femmes, étaient déjà dans un état de vulnérabilité critique.
“Le monde de demain doit se construire par et pour les femmes et les filles ouest-africaines, et pour cela nous avons besoin du soutien et de l’engagement de nos gouvernements. Les femmes ouest-africaines veulent faire entendre leur voix et participer activement à la gestion de la crise sanitaire et sociale, agir pour la société. Prendre en compte nos réalités, c’est s’assurer de construire ensemble un monde de demain meilleur et plus égalitaire pour tous” concluent les organisations.
Découvrez leurs solutions et recommandations par thématique
Méthodologie : Les fiches thématiques ont été réalisées sur la base de consultations que les sept organisations régionales ouest-africaines, ainsi qu’Oxfam et CARE, ont réalisé auprès de leurs membres et bureaux au Sénégal, Togo, Bénin, Nigéria, Niger, Burkina Faso, Mali, Sierra Leone et Guinée Bissau au cours du mois de juillet. Il ne s’agit pas d’une étude quantitative mais de données qualitatives, résultant d’échanges entre les membres des organisations signataires, reflétant ainsi leurs opinions sur les enjeux que les femmes rencontrent aujourd’hui face à la crise du COVID-19.
Les fiches thématiques :
- 1/ Les femmes face à l’arrêt des activités économiques
- 2/ Les femmes et les filles face aux difficultés d’accès aux services sociaux
- 3/ Les femmes et les filles face à l’augmentation de leur vulnérabilité et des violences basées sur le genre
- 4/les femmes face à la crise alimentaire
- 5/ Les femmes face à la faiblesse de leur représentation dans les espaces de prises de décision
- 6/ Les femmes et les filles face au manqué d’accès à l’information
- 7/ Les femmes face au poids des normes sociales
APESS : Hamidou Tiémogo hamidoutiemogo@gmail.com, +226 76 63 54 80 CARE Hannah McNeish Hannah.McNeish@care.org +44 7752626785
Oxfam : Claire Le Privé claire.leprive@oxfam.org +221 78 140 47 93
RBM : ATAKA Najim, najijia@gmail.com +22799613333
REPSFECO repsfecoci@yahoo.fr + 33 825 52 31
ROALJEF-Mali Aliou Mahamane TOURE +223 66 97 00 17
ROPPA Fatimata KONE kone_fatimata@yahoo.fr +226 76 06 56 57
WANEP Beatrice Anowah Brew, bbrew@wanep.org +233 24 619 3188 (English) WILDAF Samuel ATTIKOSSIE s.attikossie@wildaf-ao.org