Le jour où nous danserons : Mariam au Burkina Faso

Illustration de Mariam au Burkina Faso. Crédit : Sophie Le Hire

L'exposition « Le jour où nous danserons » est illustrée par l'artiste Sophie Le Hire

« Ce n’est pas simple car nous sommes entre deux feux : derrière c’est les fusillades, devant c’est la maladie. On va faire comment ? Si cette maladie finit, ce sera la joie. »

Je m’appelle Mariam, j’ai 25 ans, je viens de la région Centre-Nord au Burkina, près de Dablo. Mon rêve c’était d’avoir le bac. Je suis devenue mère au lycée mais je me suis accrochée et je suis allée jusqu’en seconde, mais en avril ils ont fermé l’école à cause de l’insécurité et il n’y a plus jamais eu cours.   

Je voulais être soit institutrice pour éduquer les enfants et leurs transmettre des connaissances, soit être médecin pour sauver des vies acquérir d’autres connaissances. Tout ceci est tombé à l’eau.      

Quand les attaques de groupes armés sont devenues de plus en plus fréquente, j’ai préféré fuir. Je ne voulais pas être une victime de plus.   

Je suis arrivée ici, près de Kaya et le quotidien n’est pas facile. Nous n’avons pas assez à manger, je dois rationner le repas du midi si je veux qu’il reste quelque chose à manger le soir. Il n’y a pas de bois de chauffe et j’ai peur en tant que femme quand je dois aller en chercher dans la brousse, je ne me sens pas en sécurité. Pour survivre, j’essaie de faire la lessive en ville chez des familles, ou de piler le mil ou le sorgho pour 500 CFA (soit 0,83 USD). A l’heure où je vous parle, nous avons besoin de tout, d’eau, de nourriture, d’abris.   

Avec la rumeur de la maladie, notre vie a changé : on a fermé les marchés, et partout où l’on peut trouver du travail. Notre quotidien a changé à cause des gestes barrières. Nous ne pouvons plus circuler au hasard. Pour protéger ma famille, on se lave régulièrement les mains avant toute chose : cuisiner, manger, aller aux toilettes.   

 La maladie a changé notre vie de manière plus difficile surtout en matière d’accès à l’eau. Pour ne pas croiser beaucoup de monde, il faut aller à l’aube chercher l’eau à la fontaine. Quand il y a beaucoup de monde, on laisse les bidons à la fontaine et on retourne à la maison.   

Nous avons urgemment besoin d’eau et de plats, de bouilloires et de savons. Si nous recevons cette aide, cela va améliorer notre quotidien.  

Propos recueillis par Syntyche Ouedraogo, Oxfam au Burkina Faso. 

*Le nom a été changé pour protéger l'identité.

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                               «  Le jour où je vais entendre que cette maladie est finie, nous danserons.  » 

*Le nom a été changé pour protéger l'identité.

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